Architecte marocaine installée en Espagne, elle revient sur son parcours, de Tanger à Valence et sur son expérience professionnelle dans l’architecture. Elle explique comment son installation à l’étranger, son intégration culturelle et son attachement à ses racines ont façonné sa vision et ses projets.
Fh2mre: Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel et académique ?
Zahra Melehi : Je suis née à Tanger, une ville qui, durant mon enfance, connaissait de grandes transformations. Elles ont éveillé ma curiosité et orienté mon parcours. J’y ai poursuivi ma scolarité jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat, puis, à dix-neuf ans, j’ai décidé de partir en Espagne afin d’y suivre des études universitaires. Ce fut une étape décisive qui a marqué ma vie : une nouvelle langue, une culture différente et une vision élargie du monde. Cette expérience m’a offert de nombreuses opportunités de développement personnel et professionnel, tout en m’ouvrant à une diversité culturelle que je ne connaissais pas auparavant.
Fh2mre : Quelles raisons vous ont conduite à vous installer définitivement en Espagne ?
Zahra Melehi : J’ai passé six années à Valence en tant qu’étudiante et c’est là qu’est né un profond attachement à la ville. Certes, elle diffère de Tanger, mais toutes deux sont liées par la Méditerranée, ce fil commun qui les rapproche. J’ai été séduite par la culture valencienne et par l’énergie vibrante de la ville, ce qui a rendu naturel le choix de m’y installer. J’ai compris que le savoir académique ne prend tout son sens qu’à travers la pratique ; c’est pourquoi j’ai décidé de rester. De plus, une opportunité professionnelle s’est rapidement présentée à Alicante, renforçant ma volonté de débuter ma carrière en Espagne.
Fh2mre: Comment avez-vous fait vos premiers pas dans le domaine de l’architecture en Espagne ?
Zahra Melehi : J’ai commencé ma carrière en dessinant des maisons individuelles, avant d’intégrer un cabinet d’ingénierie et d’architecture où j’ai participé à des projets d’envergure : villas de luxe, bureaux haut de gamme, complexes industriels et projets d’urbanisme. Cette expérience m’a confié de nouvelles responsabilités et m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences. Aujourd’hui, je dirige une équipe dans le cadre d’un projet international tout en développant mes propres projets, ce qui m’aide à concilier créativité et rigueur et de consolider mon identité professionnelle en tant qu’architecte.
Fh2mre: Vos projets s’inspirent-ils de la culture et des traditions marocaines ?
Zahra Melehi : J’intègre dans mes projets des éléments inspirés de l’architecture marocaine, mais de manière conceptuelle plutôt que purement décorative. Je puise mon inspiration dans le jeu de la lumière et de l’ombre, la ventilation naturelle, le patio central qui constitue le cœur de la maison. Ces principes donnent à mes projets une authenticité et une harmonie adaptées au climat méditerranéen. Ils ne se traduisent pas toujours par des détails visibles du design, mais se ressentent dans la profondeur de l’espace architectural.
Fh2mre: En tant que femme MRE, quels défis avez-vous rencontrés au début de votre parcours ?
Zahra Melehi : Mon intégration en Espagne s’est faite naturellement, grâce à l’accueil chaleureux à l’université et aux relations que j’ai facilement nouées. Je n’ai jamais vu le fait d’être étrangère ou femme marocaine comme un obstacle, car je restais concentrée sur mes objectifs. Vivre loin de ma famille demandait de la clarté et cela m’a aidée à m’adapter rapidement à mon nouvel environnement, sans perdre confiance en moi ni me laisser distraire par des détails secondaires.
Fh2mre: Comment s’est déroulée votre intégration en Espagne et quelles expériences vous ont le plus marquées ?
Zahra Melehi : Je me suis bien adaptée à la société espagnole et j’ai rencontré des personnes venant de différentes cultures : d’Amérique latine, d’Europe et d’ailleurs. Cette diversité a marqué mon expérience, car nous partagions repas, idées, blagues et modes de vie différents. Cela m’a ouvert de nouveaux horizons, sans jamais me faire oublier mes racines. Je suis fière de mon pays, le Maroc, de ma ville Tanger et de ma ville natale Assilah, et j’aime partager ma culture et mes plats préférés avec mon entourage. Pour moi, l’intégration n’efface pas l’identité, elle l’enrichit, et je suis fière d’en être un exemple.